« Cosmétique de l’ennemi » – Amélie Nothomb – 2001 – Editions Albin Michel
Jérôme Angust est un simple homme d’affaire. Il attend son avion qui est annoncé partant avec un peu de retard. Textor Texel est un étrange individu qui attend le même avion. Il décide d’engager la conversation. S’ensuit une succession d’échanges houleux entre Jérôme ne désirant pas être dérangé et cet inconnu qui ne prétend pas vouloir le laisser tranquille. L’attente risque d’être longue, vivement que l’avion décolle.
Amélie Nothomb signe ici l’un de ses ouvrages les plus aboutis. Comme souvent, le scénario est simple et efficace. Deux personnages s’affrontant dans des joutes verbales de haut vol. Avec finesse et talent, l’auteur joue avec et sur les mots donnant merveilleusement vie à ces deux protagonistes que tout semble opposer. Et elle le fait avec le plus grand plaisir. Textor Texl, l’emmerdeur dans toute sa malsaine splendeur, est jouissif dans sa mauvaise foi et sa méchanceté. Ses tirades justifiant son incursion dans la vie des autres, et donc dans celle de Jérôme, sont magnifiques. On le déteste rapidement car, par ses mots, il ne montre aucune pitié faisant de l’égoïsme une raison et un art de vivre. Même s’il est difficilement imaginable qu’un tel individu (se délectant si ouvertement du malheur de l’autre) existe réellement, on ne peut que croiser les doigts pour ne jamais avoir à le rencontrer lui et son étrange perversité. Ce pauvre Jérôme en fera la cruelle et amère expérience pour le plus grand plaisir du lecteur (et du fan d’Amélie Nothomb).
Une Certaine Culture 